Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye dissout l’Assemblée nationale

Le président sénégalais, élu en mars, a annoncé la tenue d’élections législatives anticipées le 17 novembre. Le Parlement restait jusqu’ici dominé par les fidèles de l’ancien président Macky Sall.

Par  (Dakar, correspondance)

Publié le 13 septembre 2024 à 00h09, modifié le 14 septembre 2024 à 10h37

Temps de Lecture 3 min.

L’hémicycle de l’Assemblée nationale sénégalaise, à Dakar, en mars 2024.

Le faux suspens a pris fin, jeudi 12 septembre à 20 heures. Dans une allocution à la télévision nationale, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives anticipées le 17 novembre. « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise », a-t-il déclaré dans une allocution.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, la rupture à pas comptés

L’annonce de cette dissolution n’est pas une surprise. Fin août, le Conseil constitutionnel avait rappelé que la dissolution de l’Assemblée nationale pouvait être légalement prononcée par le président à partir du 12 septembre, soit deux ans après le début de la quatorzième législature, le 12 septembre 2022.

Faute de majorité au Parlement, toujours dominé par les fidèles à l’ex-président Macky Sall, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars, avec 54 % des suffrages, ne disposait pas de tous les leviers institutionnels pour appliquer son programme de rupture. Son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) ne comptait que 23 députés sur 165 – et une quarantaine, en totalisant ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi.

« Le culte du blocage »

Ces dernières semaines, les divergences entre le pouvoir et l’opposition ont bloqué l’action gouvernementale. Fin juin, les députés de Benno Bokk Yakaar (BBY), la coalition qui soutenait Macky Sall, avaient ainsi boycotté le débat d’orientation budgétaire, provoquant son annulation. Le 2 septembre, la proposition de supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental jugés « budgétivores » par les autorités, a été rejetée en bloc par les députés de l’opposition. « Le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire était une illusion, celle-ci ayant décidé d’entretenir le culte du blocage », a fustigé le président, dans son discours.

Ousmane Sonko, premier ministre et leader du Pastef, a, pour sa part, essuyé plusieurs menaces de motion de censure, dont une a été déposée par le camp de l’ancien régime. Sa déclaration de politique générale, qu’il était censé prononcer vendredi 13 septembre, devant l’Assemblée nationale, a été automatiquement révoquée par la dissolution. Un timing qui interroge au sein de l’opposition.

Si les députés gardent leur statut jusqu’aux prochaines élections législatives, ils ne peuvent plus se réunir en session ordinaire ou en session extraordinaire. « L’annonce de cette dissolution, le 12 septembre, à la veille de la déclaration de politique générale d’Ousmane Sonko, n’est pas un hasard. C’est une manœuvre pour empêcher une motion de censure et sauver le premier ministre », analyse Alassane Ndao, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger, à Saint-Louis. « Cette dissolution est une bonne chose. Nous avons près de quatre-vingts projets de lois déjà rédigés qui n’attendent qu’une nouvelle Assemblée pour pouvoir être votés », répond un député du Pastef sortant. Encore faudra-t-il, pour le président et son parti, remporter ces législatives afin d’obtenir, comme ils l’espèrent, une majorité qualifiée.

« Une course contre la montre »

« C’est vital pour le Pastef, poursuit Alassane Ndao. S’ils ne gagnent pas la majorité, la suite du mandat risque de se compliquer. Une bonne partie de leurs promesses sont fondées sur des réformes constitutionnelles qui nécessitent l’approbation des trois cinquièmes de l’Assemblée nationale, soit 99 députés. »

Restez informés
Suivez-nous sur WhatsApp
Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »
Rejoindre

« Une course contre la montre s’engage mais nous sommes prêts », assure Ibrahima Diallo, chargé de communication au Pastef. Selon plusieurs sources consultées par Le Monde, le premier ministre (et président du parti), Ousmane Sonko, devrait être investi tête de liste au niveau national – il existe également des listes départementales – et être très impliqué dans la campagne. En guise de prélude, il s’est rendu, le 7 septembre, à Matam, dans le nord du pays, bastion historique de Macky Sall, pour y promettre une transformation de la région en futur pôle économique.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Macky Sall, « l’absent le plus présent » de la scène politique au Sénégal

Malgré une victoire écrasante dès le premier tour lors de l’élection présidentielle, en mars, le Pastef devrait néanmoins présenter des listes de coalition. « Le scrutin législatif sénégalais est très particulier, mêlant système proportionnel et majoritaire, explique Moussa Diaw, professeur émérite de sciences politiques. Les partis sont obligés de former des coalitions s’ils veulent une majorité tangible. »

De son côté, l’opposition paraît affaiblie depuis la dernière présidentielle. Le 3 septembre, l’ancien président Macky Sall a annoncé la dissolution de la coalition BBY, qui l’avait porté au pouvoir en 2012 et soutenu durant ses deux mandats. Son ancien premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle, Amadou Ba, vient, lui, de créer son propre parti. « Ils ne sont pas préparés et se cherchent encore un leader, alors que les élections sont imminentes », observe Moussa Diaw.

« La coalition BBY doit être réinventée et élargie à d’autres forces politiques et citoyennes », estime Adji Mergane Kanouté, vice-présidente du groupe parlementaire dissous BBY, ajoutant que le nouveau parti d’Amadou Ba ne sera pas exclu. « Nous sommes toujours en discussion. Nous devons tout faire pour avoir une majorité, pour gagner, ou, à défaut, imposer une cohabitation », conclut-elle.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.