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Attentat contre « Charlie Hebdo » : le récit d'une journée noire

Selon le parquet de Paris, sept personnes ont été placées en garde à vue mercredi soir dans le cadre de l'enquête sur l'attaque qui a visé la rédaction du journal satirique.

Le Monde

Publié le 08 janvier 2015 à 08h46, modifié le 08 janvier 2015 à 16h34

Temps de Lecture 5 min.

La rédaction du journal satirique Charlie Hebdo a été la cible d'un attentat, mercredi 7 janvier en fin de matinée à Paris, qui a fait douze morts, dont huit journalistes. Les principaux suspects, deux frères, sont toujours en fuite, mais de premières interpellations ont eu lieu dans le cadre de l'enquête. Voici les principaux éléments à notre connaissance.

L'ENQUÊTE

  • Sept personnes en garde a vue, deux suspects en fuite

Selon le parquet de Paris, sept personnes ont été placées en garde à vue mercredi dans le cadre de cette affaire. Invité de RTL jeudi matin, le premier ministre, Manuel Valls, a déclaré que les « individus étaient sans doute suivis mais il n'y a pas de risque zéro ».

 « Les service de police et de justice ont démantelé de nombreux groupes, contrarié des projets d'attentat. C'est bien la preuve que nous agissons. Ce sont des centaines d'individus qui sont suivis, des dizaines de personnes qui ont été interpellées, des dizaines de personnes qui ont été incarcérées. Cela montre la difficulté devant laquelle sont placés nos services : le nombre d'individus qui représentent un danger. »

« Nous sommes face à un risque exceptionnel qui peut conduire à d'autres manifestations de violence », a prévenu de son côté le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve sur Europe 1.

Jeudi après-midi, Bernard Cazeneuve était en cellule de crise à Beauvau. A 15 heures, il était en visioconférence avec les sept préfets de zone de défense, à 16 heures en réunion à l'Elysée et à 17 h 30 en réunion de la cellule interministérielle de crise. Il s'agit d'organiser la mise en place du plan Vigipirate et la coordination des dispositifs d'interpellation (blocage des routes, barrages de contrôle, etc.) des tireurs de l'attaque de Charlie Hebdo.

  • Deux frères recherchés, un suspect s'est rendu

Une enquête a été ouverte pour assassinat, tentative d'assassinat, vol à main armée en bande organisée, et association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes, a annoncé le procureur de Paris, François Molins, mercredi. Un avis de recherche a été lancé en début de nuit contre trois suspects.

Le plus jeune homme recherché, âgé de 18 ans, s'est rendu dans la nuit au commissariat de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Une source policière, contactée par Le Monde a affirmé qu'« aucune charge » n'avait été retenue pour l'heure contre lui, et que « dans son cas, il ne s'agit que de simples vérifications. » Le jeune homme, qui est de la même famille que les deux principaux suspects, a tout de même été placé en garde à vue.

Les photos des deux suspects publiées dans l'appel à témoins de la police.

La police a concentré ses recherches sur Chérif et Saïd Kouachi, deux frères âgés de 32 et 34 ans, identifiés grâce à une carte d'identité laissée dans l'une des voitures ayant servi à leur fuite.

Outre la pièce d'identité et un chargeur de kalachnikov vide, les enquêteurs ont aussi retrouvé dans la C3 abandonnée hier dans le 19e arrondissement dix cocktails Molotov, un drapeau djihadiste, un bandeau noir et un gyrophare, information confirmée de sources proches de l'enquête. 

Le cadet, Chérif Kouachi, avait été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d'envoi de combattants en Irak, la filière dite des « Buttes Chaumont ». « Toute personne détenant des informations » sur les suspects est invitée à joindre le numéro vert 0805 02 17 17, précise la préfecture de Paris.

L'ATTAQUE

Au moins deux hommes cagoulés et vêtus de noir se sont introduits vers 11 h 30 mercredi dans les locaux de Charlie Hebdo. Armés de kalachnikovs, ils ont tiré sur une personne qui se trouvait à l'accueil, avant de monter à l'étage pour atteindre la rédaction de Charlie Hebdo. Les journalistes étaient alors en conférence de rédaction hebdomadaire.

Les deux hommes ouvrent le feu en criant, selon un témoin, « Allahou Akbar ». Les terroristes, toujours selon le témoin, disaient vouloir « venger le prophète ».

LES VICTIMES

L'attaque a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Parmi les morts figurent de nombreux journalistes, dont les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré, Elsa Cayat, Mustapha Ourrad ainsi que Bernard Maris, chroniqueur pour Charlie Hebdo et France Inter.

Un agent d'entretien de l'immeuble, Frédéric Boisseau, 42 ans, collaborateur de Sodexo, et un invité de la rédaction, Michel Renaud, ont également péri dans l'attaque. Selon le procureur, deux policiers s'ajoutent à ce macabre bilan. L'un, le brigadier Franck Brinsolaro, du service de la protection (SDLP, ex-SPHP) était chargé de la sécurité de Charb, selon des sources syndicales policières. L'autre, Ahmed Merabet, a été tué à l'extérieur, alors que les assaillants prenaient la fuite.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en France depuis celui de l'Organisation armée secrète (OAS) contre un train Strasbourg-Paris, qui avait fait vingt-huit morts en 1961, durant la guerre d'Algérie. Le procureur de Paris, François Molins, a également annoncé que onze personnes avaient été blessées, dont quatre grièvement, parmi lesquelles le journaliste Philippe Lançon et deux policiers. Selon les informations du Monde, Philippe Lançon, critique littéraire à Libération et chroniqueur régulier de Charlie, a été grièvement blessé au bas du visage par une balle. Il a été opéré à la Pitié-Salpêtrière, et ses jours ne sont pas en danger.

RASSEMBLEMENTS EN SOLIDARITÉ

  • Q. Dangles

  • K. El Hadj / Le Monde

  • P. Bouvier / Le Monde

  • AFP/MARTIN BUREAU

  • P. Bouvier / Le Monde

  • Olivier Touron / Divergence pour "Le Monde"

  • Olivier Touron / Divergence pour "Le Monde"

  • Olivier Touron / Divergence pour "Le Monde"

  • Olivier Touron / Divergence pour "Le Monde"

  • AFP/DAMIEN MEYER

  • AFP/GEORGES GOBET

  • France Keyser / Myop pour "Le Monde".

  • France Keyser / Myop pour "Le Monde".

  • Ulrich Lebeuf / M.Y.O.P pour "Le Monde"

  • AFP/JOHN MACDOUGALL

  • REUTERS/STEFAN WERMUTH

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Après l'attaque, des appels à des rassemblements de solidarité avec la rédaction de Charlie Hebdo se sont multipliés partout en France. Au total, plus de 100 000 personnes ont participé dans tout le pays à ces rassemblements.

Le président de la République, François Hollande, a décrété une « journée de deuil national » en France et a renouvelé son appel au rassemblement du pays après l'attentat. « Notre meilleure arme, c'est notre unité. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous séparer », a déclaré le chef de l'Etat lors d'une adresse courte et solennelle à la nation diffusée sur les chaînes de télévision mercredi soir.

Les drapeaux sont aussi mis en berne pendant trois jours et une marche républicaine est prévue dimanche, à laquelle l'UMP et l'UDI ont annoncé leur participation. La présence ou non du FN lors de ce rassemblement continue de faire débat.

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